"Quand on est jeune, rendre la justice, c’est répondre à un idéal. Dans un rapport de force qui existe, défendre ceux qui ne sont pas en position de force : être juste, être dans une fonction de protection des plus vulnérables". La diversité des fonctions et la mobilité géographique proposées ont fini de la convaincre.
L’enthousiasme de Marie-Pierre Hourcade est prégnant, mais le sourire n’empêche pas l’action. Les audiences se succèdent au quotidien "et quand je n’y suis pas, c’est pour préparer celles du lendemain. Je parviens toutefois à dégager du temps pour visiter les établissements de la PJJ afin de ne pas me tromper quand je place les enfants et pour que les équipes me connaissent, que nous puissions travailler en confiance".
Pour accompagner au mieux le mineur qu’elle suit, elle s’attache dans un premier temps à le connaître (lui, sa famille, son histoire) pour mieux définir des objectifs fixés, avec lui et son avocat, grâce aux partenaires institutionnels (associations, établissements scolaires, centres de formation, mairies, hôpitaux et assistantes sociales notamment) et en lien étroit avec les parents : "les valoriser est pour moi l’unique façon de restaurer leur autorité". Les éducateurs de la PJJ mettront les mesures définies en place et accompagneront le mineur tout au long de son suivi. Il peut s’agir de sortir un mineur de son circuit de déscolarisation, de l’accompagner dans une demande de formation, de lui permettre de trouver un statut professionnel, ou de prononcer une réparation pénale : "Je donne toujours en préalable l’exemple de la balance : ‘Votre acte l’a déséquilibrée. A vous de réparer en montrant que vous êtes capable de mobiliser vos compétences pour faire quelque chose de positif, pour compenser l’acte que vous avez commis’".
"Mon objectif en matière civile est de les protéger, de les accompagner vers l’autonomie et, en matière pénale, de lutter contre la récidive et d’aider les jeunes à trouver un équilibre personnel qui leur permette de s’insérer" confesse Marie-Pierre Hourcade. "Alors il y a sûrement une part d’utopie, mais je trouve bien de vivre avec un idéal : on nourrit les jeunes par nos discours, par une parole étayée par la loi, une certaine sévérité liée à un discours qui a du sens, où les parents sont associés. Ils bénéficient de moyens grâce aux politiques publiques, d’un réseau de professionnels présents pour leur donner un cadre. Si tout le monde peut changer, c’est encore plus vrai quand on a l’avenir devant soi". Et d'ajouter : "Et insistez bien sur la capacité des jeunes à évoluer !".
*Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse
*Mission interministérielle de lutte contre la Drogue et la Toxicomanie
*Inspection Générale des Affaires Sociales